C’est une étape de plus vers la résolution des problématiques d’économie circulaire causées par les huiles minérales. Les prospectus, catalogues et magazines imprimés en heatset ont trouvé leurs solutions : des encres à teneurs réduites en huiles minérales conformes aux critères d’éco-modulation de Citeo. Elles ont été testées puis validées chez 8 imprimeurs représentatifs du monde de l’impression en France en termes d’équipements, de tailles et de situations géographiques. Découvrez les résultats des tests.
Huiles minérales : rappel des enjeux
Citeo travaille depuis plusieurs années avec les acteurs des filières papiers graphiques et emballages papiers-cartons pour trouver des solutions alternatives aux encres contenant des huiles minérales. 3 enjeux clés :
- Réduire l’exposition des consommateurs aux huiles minérales, comme le préconise l’ANSES, l’agence nationale de la sécurité sanitaire *;
- Sécuriser les boucles de recyclage des papiers et des papiers-cartons d’emballages en limitant la présence d’huiles minérales dans les fibres recyclées ;
- Anticiper les interdictions prévues par la loi AGEC qui réglemente l’utilisation d’encres à base d’huiles minérales pour les emballages et les papiers.
Les solutions alternatives d’impression pour les emballages papiers-cartons existent. Grâce à cet appel à projets, elles viennent d'être trouvées pour les papiers graphiques imprimés en offset heatset, technologie avec sécheur utilisée notamment pour les prospectus, magazines et catalogues. Pour les papiers graphiques imprimés en offset coldset, technologie sans sécheur utilisée pour les journaux, les travaux se poursuivent.
En 2018, le heatset concernait près de 40 % des papiers imprimés mis en marché en France (estimation Citeo). L’enjeu était de faire évoluer les encres traditionnelles en se tournant vers des formulations réduites en huiles minérales et désencrables.
« Réduites en huiles minérales » s’est traduit dans l’éco-modulation du tarif de Citeo pour le financement du recyclage, par l’objectif d’avoir moins de 1 % de MOAH et moins de 1,5 % de MOSH C20-C30* dans les encres d’impression. Après plusieurs expérimentations concluantes à petites échelles, Citeo a sélectionné 8 imprimeries en 2021, dans le cadre d'un appel à projets, pour tester industriellement 3 encres alternatives conformes à ces exigences.
Quels imprimeurs ? Quels imprimés et encres ?
Les imprimeries sélectionnées permettent d’avoir une bonne représentativité du monde de l’impression en France en termes d’équipement, de taille et de situation géographique :
- Hauts-de-France : Imprimerie Cache ; Imprimerie Mordacq, SIB Imprimerie.
- Auvergne Rhône-Alpes : FOT Imprimeurs ; Imprimerie IPS.
- Ile-de-France : La Galiote Prenant ; Newsprint ; RotoFrance Impression.
Les tests ont été réalisés sur différents types de produits (magazines, prospectus et catalogues) et sur des papiers de grammage et de qualité différents. Plusieurs fournisseurs d’encres ont été sollicités à cette occasion : Flint, Brancher, Sun Chemical.
Objectif : vérifier la compatibilité de ces encres avec les équipements existants et évaluer leur impact sur la production. Les rotatives utilisées lors des essais sont représentatives du parc machines français (marque, taille, configuration, sécheur).
Chacun d’entre eux a sélectionné 3 travaux d'impression couvrant sa production habituelle (nature du produit imprimé et type de papier).
Après un mois d’utilisation continue des encres alternatives, ces travaux ont été imprimés dans les conditions habituelles de production. Ils ont ensuite été comparés avec des équivalents imprimés avec des encres traditionnelles, grâce à des indicateurs qualitatifs (rendu des couleurs, qualité de l’impression…) et quantitatifs (vitesse d’impression, consommation d’encre, de papier …).
Des tests concluants et des solutions dès à présent disponibles
L’efficacité des 3 encres alternatives testées fait l’unanimité : tous les imprimeurs les ont validées et adoptées sur l’ensemble de leur parc machine. 3 éléments significatifs ont participé à les valider :
- Tous les produits ont pu être imprimés, quel que soit le papier utilisé, et y compris avec des papiers recyclés.
- Les tests ont été satisfaisants pour des papiers dont le grammage varie de 39 g/m² à 115 g/m².
- La productivité s’est maintenue sans réglage particulier ni modification du travail habituel des équipes en production.
2 points d’attention ressortent toutefois des tests :
- Par rapport aux encres traditionnelles, les encres alternatives présentent un surcoût à l’achat de l’ordre de 3 à 5%.
- Les tests n’ont pas permis d’évaluer précisément les éventuelles variations de la consommation en gaz des sécheurs résultant de l’utilisation des encres alternatives.
Au niveau national, l’adoption de ces encres alternatives est très significative. Elle a connu un coup d’accélérateur entre 2020 et 2021 ; une période qui correspond à l’apparition du malus "huiles minérales" de Citeo, et à la publication du décret d’application de l’article 112 de la loi AGEC (interdiction d’utilisation des huiles minérales à partir de 2023).
Cet appel à projets témoigne du succès de la mobilisation collective des imprimeurs français pour proposer au niveau national une offre heatset adaptée aux filières de recyclage existantes. Un engagement fort de la profession pour proposer des imprimés toujours plus vertueux.
Nous nous félicitons de l'engagement des imprimeurs heatset et de leurs clients pour contribuer à la réduction des huiles minérales dans l'économie circulaire des papiers et emballages papier-carton, et espérons pouvoir aboutir à des résultats similaires sur le coldset. Pour cela, nous avons besoin de règles d'application des interdictions d'huiles minérales de la loi AGEC cohérentes avec les critères des malus Citeo pour maintenir l'engagement des parties prenantes.
* Les huiles minérales sont des substances complexes hydrocarbonées (composées de molécules d’hydrogène et de carbone), produites par le raffinage des pétroles bruts. Elles sont naturellement composées de MOSH (hydrocarbures saturés d’huiles minérales) et de MOAH (hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales). Les MOSH se constituent de chaînes carbonées linéaires, ramifiées et/ou cycliques, et les MOAH de composés aromatiques. Certains de ces composés sont identifiés par l’ANSES comme susceptibles d’avoir un impact sanitaire négatif.
Par ailleurs, « C20-C30 » désigne les composés dont la longueur de chaîne est comprise entre 20 et 30 atomes de carbone.